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Les maures © Dominique Laugé

Le prix “Résidence pour la Photographie”

  -    -  Le prix “Résidence pour la Photographie”

Créé en 2011, le prix “Résidence pour la Photographie” de la Fondation des Treilles a pour vocation d’aider à la production d’œuvres photographiques ayant pour thème le monde méditerranéen.

En janvier de chaque année, le jury se réunit pour attribuer le prix “Résidence pour la photographie” afin de soutenir un projet de création dont la thématique est obligatoirement liée au monde méditerranéen. Le prix est attribué à 2 ou 3 photographes qui se répartissent les 8 mois de résidence annuels. La résidence ne peut être inférieure à 1 mois et supérieure à la durée du prix octroyé par le jury.

Il est constitué à la fois :

  • d’une allocation d’un montant mensuel de 2 650 €, dont la durée de versement ne pourra excéder le nombre de mois attribué par le jury,
  • et d’un accueil en résidence, notamment pour assurer la réalisation des épreuves sur place.

Lors de leurs séjours aux Treilles, les lauréats sont logés dans la maison de “La Bergerie”. Les repas et le ménage sont assurés par la Fondation, ce qui leur permet de se consacrer entièrement à la réalisation de leur projet photographique.

Pour la réalisation de leurs travaux, ils disposent sur le domaine :

  • d’un atelier numérique doté d’un ordinateur professionnel et d’une imprimante à pigments giclés de grand format,
  • d’un laboratoire argentique, le “Laboratoire Jacqueline Hyde”, doté d’un agrandisseur multiformat, qui permet à ceux qui le désirent le développement et le tirage d’images en noir et blanc.

Les lauréats pourront également bénéficier, à la Grande Maison, d’une bibliothèque et de liaisons informatiques.

Les artistes désirant concourir pour la résidence sont invités à lire le règlement intérieur.
Pour toutes questions particulières ou demandes d’informations complémentaires, les candidats sont invités à adresser un message à l’adresse suivante : prix.photo@fondationdestreilles.com

Pour savoir à quel moment envoyer votre candidature, merci de vous référer aux dates d’échéance des activités. Le dossier de candidature est composé de :

  • un formulaire à compléter en ligne
  • de 10 à 20 images format JPG, 300 dpi, compression qualité moyenne, le long côté de l’image ne dépassant 12 cm à envoyer à l’adresse suivante : prix.photo@fondationdestreilles.com
Réunion du jury pour le prix "Résidence pour la Photographie" © Olivier Monoyez

Réunion du jury pour le prix “Résidence pour la Photographie” © Olivier Monoyez

Les lauréats au fil des ans 

Jean-Christophe Ballot, Paul Lemaire, Mohamed Mahdy

Jean-Christophe Ballot

Jean-Christophe Ballot est un photographe contemporain, né en 1960.

Il poursuit depuis plus de trente ans un chemin singulier dans le monde artistique, revendiquant et pratiquant une photographie contemplative.

En 1987, architecte DPLG et étudiant à l’École nationale supérieure des arts décoratifs dans le département photo, Jean-Christophe Ballot reçoit une bourse de l’Office franco-allemand pour la jeunesse afin de passer deux mois à Berlin. Il part avec une chambre Sinar de studio faire ses premiers paysages urbains. Ces photographies sont ensuite présentées au jury de la Villa Médicis et lui permettent de partir travailler sur Rome en 1991. Pendant toutes ces années les portraits de villes vont se poursuivre au fil des rencontres, des opportunités et des invitations. Un temps fort dans ce parcours sera l’exposition personnelle – Urban landscapes – en 2008 à la Maison Européenne pour la photographie.

 À son retour de Rome, il débute une collaboration avec le musée du Louvre dont il suit le chantier de 1992 à 2002. Il publie quatre ouvrages : Le Grand Louvre, Le Louvre en Métamorphose, Le Louvre Transfiguré et La Vie secrète du Louvre et expose au Louvre dans la salle des maquettes en 2003. Les statues parcourent ses images, ses livres jusqu’à son dernier ouvrage en 2022 –L’épopée de Gilgamesh– aux éditions Diane de Selliers.

Dans ses thématiques figure le paysage naturel avec de nombreuses commandes dont des observatoires photographiques et une résidence en 2009 pour photographier la montagne Sainte-Victoire. Il photographie pendant un an la montagne de Cézanne et publie Les trente-six vues de la Sainte-Victoire aux éditions Gallimard avec des textes de Peter Handke.

 Autre thématique avec les lieux de mémoire et de métamorphoses : les friches industrielles des usines Renault sur l’île Seguin, la fonderie Susse, les serres d’Auteuil, les monastères du Mont Athôs… En octobre 2022 les éditions de la B.n.F. publient Richelieu la traversée  un regard poétique sur les dix années du chantier de la Bibliothèque nationale de France, « un frisson des choses qui s’enfuient ». Ses œuvres figurent dans les collections de nombreux musées.

Son projet

Rome: un regard sur quatre siècles d’éternité…

Il s’agit de mener à bien un projet de recherche et de création sur quatre siècles de représentations de Rome à travers des paysages urbains. Il est conçu avec les approches d’un photographe, d’un architecte et d’un collectionneur.

Jean-Christophe souhaite revenir à Rome, trente-deux ans
 après sa résidence à la villa Médicis comme pensionnaire, pour porter un nouveau regard sur les paysages urbains de cette ville 
à travers le prisme des questions patrimoniales et mémorielles et des problématiques environnementales et écologiques qui n’étaient pas de mise en 1991.

Revenir, fort de trente années de travaux sur les paysages urbains à travers le monde et avec les outils numériques. Porter un nouveau regard et de nouvelles pratiques pour un nouveau projet. Il collectionne depuis des années des paysages urbains de Rome avec des gravures de Piranèse, d’autres estampes du XVIIIème et des photographies du XIXème. Avec son travail réalisé en 1991, au siècle dernier, il souhaite mettre en perspective les représentations de la ville sur quatre siècles.

Architecte DPLG en 1986, puis pensionnaire à la Villa Médicis en 1991, il photographiait alors à la chambre 4’x5’ des paysages urbains. Aujourd’hui il veut écrire une nouvelle page en numérique.

Son projet sur la Ville Éternelle est historique, environnemental, artistique et poétique.

Paul Lemaire

Paul Lemaire est un photographe documentaire de 32 ans originaire des Alpes françaises.

Après un diplôme d’ingénieur, il décide de quitter cette voie pour raconter les histoires des gens qu’il rencontre. C’est à l’EMI-CFD à Paris qu’il peaufine en 2019-2020 ses compétences photos sous l’oeil de Guillaume Herbaut et Julien Daniel. En sortie et avec ses camarades de promotion, il fonde le collectif Hors Format.

Depuis il s’oriente progressivement vers des sujets longs, principalement proches de son histoire familiale ou sur les conséquences des consommations occidentales sur les populations et la biodiversité, d’où sont extraites les matières premières.

Photographe et rédacteur, ses travaux ont été publiés dans Le Monde, L’Obs, Médiapart, Le Parisien, Equal Times et Libération.

Son projet

La brume des fées, une Provence d’Extrême-Orient

C’est une histoire qui commence dans un bol.

« Aux pieds de la Sainte-Victoire, ma grand-mère nous y déposait un bouillon relevé au nuoc man, un régal sans état d’âme. Jusqu’au jour où, enjoué, je présente la sauce à des amis. La répulsion est instantanée. Pourtant sans trait asiatique apparent, je prends conscience d’une trace infime de l’identité de ma famille, en moi – le Vietnam. Mon arrière-grand-père Phin est né en Cochinchine, sur la terre où la légende veut que les habitants soient les enfants d’un dragon et d’une fée. Sa fille, ma grand-mère, pourtant volubile, ne s’étale pas à son sujet. Alors avec le peu d’information que je possède, je retrace le parcours de Phin comme s’il l’avait vécu aujourd’hui. Ce travail me mène notamment au lieu où il posa le pied en France pour la première fois en 1918 : Marseille. »

Alain Ruscio, chercheur en histoire coloniale écrit : « La France et l’Indochine, comme les Provençaux et les Indochinois […] entretiennent encore des relations riches et complexes. » Ce n’est pas un hasard si Phin a choisi Marseille pour débarquer et finir ses jours. C’était « une ville coloniale, mieux encore, une capitale coloniale, bien avant Paris et les grands ports du nord » ajoute-t-il. La ville et ses environs sont alors devenus de fait des régions de passage, d’accueil et d’exotisme. Dans les rues de la cité phocéenne transitait le café depuis l’Amérique du Sud jusqu’au Vietnam – qui est devenu plus tard le 2e producteur mondial – et c’est également à Marseille que l’on compte le plus grand nombre de restaurants vietnamiens en France : de cette position de façade tournée vers l’extrême orient, se sont forgés sur la côte française des legs sociétaux.

En Provence, il part donc à la recherche d’éléments pour reconstituer un récit familial mais également une époque encore peu étudiée. Celle des migrations d’extrême orient lors de la période coloniale entre 1870-1950. Car je découvre à mesure de mon travail que mon histoire, notre histoire, est intimement liée à l’Histoire française et ses questions d’identité.

Emerge alors un dialogue entre deux récits – celui de Phin, brodé à travers le quasi-silence de ma grand-mère pour en raconter le deuxième, celui qui s’écrit encore timidement aujourd’hui par une diaspora et une descendance – le leg du colonialisme français dans les pourtours de la cité phocéenne. Je cherche à raconter ces deux mythes insaisissables pour mieux les accepter, pour lever une brume de l’Histoire.

Mohamed Mahdy

Mohamed Mahdy, né en 1996, est un conteur visuel originaire d’Alexandrie, en Égypte. Son travail se concentre sur les communautés cachées et souvent invisibles confrontées à une menace imminente de disparition en Égypte, et aborde diverses questions culturelles et sociales avec l’objectif de sensibiliser mais aussi de favoriser une reconnexion vitale entre diverses classes pour amener un changement positif.

Cela a commencé avec son premier projet à long terme Moon Dust, qui a amené une cimenterie construite à 10 mètres d’une zone résidentielle à changer son comportement contraire à l’éthique, à installer des filtres sur ses cheminées et à apporter une aide aux familles affectées par son activité. L’article du New York Times paru à ce sujet a permis de créer des collaborations plus larges et de porter l’attention sur ses résidents.

Mahdy est diplômé en Arts et Design de l’Université de Pharos. Il a reçu une bourse et est diplômé de l’École des médias et du journalisme du Danemark.

En 2018, Mahdy a été nommé par le New York Times Lens Blog comme l’un des 12 photographes émergents à suivre. En 2021, il a été sélectionné comme boursier dans la catégorie “photographie et justice sociale” par la Fondation Magnum, et en 2022, il a été nommé par The Guardian comme l’un des cinq talents émergents du photojournalisme.

Le travail de Mahdy a été exposé dans le monde entier, notamment à la Sharjah Art Foundation, au Hamburger Bahnhof Museum, à l’Altonaer Museum, au Festival Photoville, à Geopolis en Belgique, à l’Institut MEI (Ingénierie des médias) et à la Biennale de l’Institut du Monde Arabe en France. Il a gagné plusieurs prix internationaux et a récemment remporté des prix régionaux et mondiaux du World Press Photo 2023 pour son projet multimédia Here, The Doors Don’t Know Me (Ici, les portes ne me connaissent pas).

Son projet

Dans le quartier d’El Max, où vit une communauté de pêcheurs autrefois pittoresque d’Alexandrie, en Égypte, les habitants font face à la terrible perspective de leur déplacement imminent. Surnommée « Petite Venise » pour son charme de bord de quartier en bord de canal, leurs maisons et leurs moyens de subsistance sont menacés par un plan de démolition du gouvernement. Des années d’incertitude et une campagne médiatique menée par l’État ont alimenté la résistance, mais les démolitions se poursuivent. Le projet photographique Here, The Doors Don’t Know Me, inspiré par le sort des pêcheurs, vise à capturer leurs histoires, à collaborer avec la communauté et à préserver leurs souvenirs au travers de photographies et de lettres de pêcheurs qui sont un cri du cœur. Alors que la communauté maritime perd ses maisons, les récits communs de ses habitants témoignent de leur résilience et de leur unité.

Julie Bourges, Eric Bouvet, Olivia Gay

Julie Bourges

Enfant, Julie passait de longues heures à lire et à imaginer d’autres mondes. Aujourd’hui, elle photographie des parcelles de la réalité – là où elle voudrait faire survenir la possibilité d’un nouveau territoire, tout à la fois mystérieux et libérateur.

Inspirée par les artistes qui floutent les limites entre le réel et le rêve – Fellini, Angelopoulos, Calvino – elle cherche un niveau de perception plus subtil. Ses images sont des fragments – souvent minimalistes – des portes, en quelque sorte, qui ouvriraient sur le cheminement de l’esprit, vers une exploration intérieure ou extérieure.

Pendant une dizaine d’années, elle a composé des séries très introspectives qui sont comme des passages ou des traversées. Umbra nous plonge dans la nuit parisienne. Haïkus nous enveloppe dans le brouillard de la lagune de Venise à la recherche d’un horizon insaisissable. Les corps absents sondent le mystère de la transmission et des liens familiaux et ancestraux.

Aujourd’hui, elle souhaite animer ses images en y ajoutant de la narration. À partir de l’ouvrage de Clarissa Pinkola Estes, « Femmes qui courent avec les loups », elle a commencé une série de récits sur des femmes en lien avec les métiers de la mer. Entre récit mythologique et personnages contemporains, ces légendes d’aujourd’hui nous encouragent à retrouver le chemin de notre âme et de nos aspirations les plus profondes.

Son projet

Julie Bourges tisse son histoire des femmes et de la mer.

Après La main de la sorcière, inspirée de l’histoire de Cécile, une jeune femme charpentière de marine en Catalogne française et Les eaux-fortes, suivant les traces des rares femmes marins-pêcheurs, elle souhaite ouvrir un nouveau chapitre en rencontrant des femmes navigatrices grâce à la résidence de la Fondation des Treilles.

En mai 2018, elle rencontre Cécile, une jeune charpentière maritime qui ressuscite les bateaux rongés par le temps. Quelques heures plus tard, elle découvre un corail aux branches comme des doigts boursouflés de verrues qui porte le surnom évocateur de « la main de la sorcière ». De cette coïncidence, elle a créé un récit allégorique autour des questionnements de cette jeune femme, passionnée par son métier, et de sa volonté farouche d’exister dans un monde d’hommes.

L’histoire de Cécile, réalisée en Catalogne française, est la première partie de ce recueil qu’elle a pu continuer en réalisant un nouveau chapitre sur des femmes marins-pêcheurs : Les eaux-fortes. Elles ont en commun l’amour de la nature, du travail au grand air et un caractère bien trempé. Elles vivent à la fois la difficulté d’être femme dans un milieu très masculin et celle de faire un métier qui tend à disparaître.

En mer, les femmes ont longtemps été perçues comme une menace pour un navire et son équipage. Et si des figures féminines étaient érigées comme déesses protectrices à la proue des bateaux, il ne fallait ni embarquer de femmes ni en croiser une avant de monter à bord. Bien qu’elle soit ancestrale, cette légende pèse encore aujourd’hui sur celles qui travaillent en mer.

À travers ces femmes qu’elle rencontre, c’est la mer que Julie cherche. Cette mer qui nous confronte à l’ailleurs, à l’aventure, au voyage. Cette mer à la fois fascinante et effrayante. Elle souhaite explorer la profondeur et l’imaginaire de cet espace à la fois physique, mythologique, antique et littéraire qu’est la mer Méditerranée à travers le portrait de femmes qui naviguent dans la région de Sète et de Marseille, deux de ses ports emblématiques.

En travaillant sur cette mer qui a vu naître les premiers navigateurs et Homère, le premier poète de notre culture occidentale, qui en a si bien décrit les courants et les vents, elle va continuer à raconter les odyssées intimes de ces femmes longtemps cantonnées à des figures de protection à la proue des bateaux et qui en prenant la mer s’affranchissent des croyances ancestrales à la force de leur corps.

Son champ n’est pas seulement géographique, il est aussi intérieur. Il s’enracine dans l’appel de la mer dont les femmes ont longtemps été tenues à l’écart, dépossédées. Aujourd’hui, elles sont de plus en plus nombreuses à s’en emparer, symbole d’une transformation sociale profonde.

Eric Bouvet

Après des études d’arts et d’industries graphiques à l’école Estienne, il entre en 1981 à l’agence Gamma. Les célèbres images de la tentative de sauvetage de la petite Omeyra, en Colombie, lui valent sa première distinction internationale en 1986.
À ce jour, il est le seul journaliste à avoir travaillé avec des commandos russes sur une zone active de conflit.
De ce reportage inédit, effectué en Tchétchénie, il écrira un livre stupéfiant qui aboutira à la création d’une pièce de théâtre : « Jusqu’au bout ». Indépendant depuis 1991, il a couvert les plus grands événements mondiaux des 40 dernières années, dans 140 pays et pour les plus grands magazines : Life, Stern, Time, Paris-Match, The New York Time’s Magazine, The Sunday Times Magazine, Der Spiegel, Géo ou encore le Figaro Magazine.
Depuis 2011, il réalise également des projets documentaires à la chambre grand format, 4×5 ou 8×10. Après les séries “Sex, Love” , “Peace” et “Chaos”, il s’est illustré avec “Hexagone : Voyage(s) en France”. Soutenu par le ministère de la Culture, ce travail de portraitiste, méticuleux et exigeant, invite à découvrir toute la diversité de nos compatriotes. Ce travail d’ampleur, réunissant plus de 500 clichés, a fait l’objet d’une exposition à Paris.
En 2019, il a rejoint l’agence américaine VII Agency pour laquelle il a réalisé notamment un travail d’envergure sur la crise de la Covid-19. Un travail remarqué et salué par ses pairs : Éric Bouvet a été consacré par le magazine Polka, photographe de l’année 2020.
En 2014, sur la place Maïdan à Kyiv, les policiers tiraient sur un peuple luttant pour sa liberté. Éric était là. En février 2022, l’Ukraine se trouve à nouveau plongée dans l’horreur. Le photoreporter est encore là pour documenter les exils, les bombardements, les exhumations de corps, les disparitions. Mais cette fois, il propose un compte-rendu quotidien de son périple, sous la forme de films mêlant images fixes et animées. Diffusés tous les soirs sur les réseaux sociaux, les « sonoramas » passionnent des dizaines de milliers d’internautes. Cette communauté préfinancera un ouvrage (Ukraine 2022) et les « sonoramas d’Ukraine », par leur approche inédite, seront salués par la profession (Nuit de l’année, Arles 2022 ; mention spéciale du jury du Visa d’Or de l’Information numérique France Info, Perpignan 2022 ; Carte blanche au musée de l’Élysée, Lausanne 2022).
En cours de route, Bouvet a reçu cinq World Press Awards, ainsi que deux Visa d’Or, la médaille d’or du 15e anniversaire de la photographie, le prix Bayeux-Calvados pour les correspondants de guerre, le prix du public de Bayeux-Calvados, le Front Line Club Award et le Paris-Match Award.

Son projet

Lieux de passage pour les commerçants, les migrants, les diplomates, les soldats, les touristes et les sportifs : Les cols de la frontière franco-italienne ont façonné l’Histoire. Enjeux stratégiques et géopolitiques d’importance, ils marquent une frontière au tracé mouvementé.

Entre le XVIIIe siècle et nos jours, deux États n’auront de cesse de se disputer les deux versants des cols des Alpes occidentales : le royaume de France et le royaume de Sardaigne. Si le Dauphiné est tombé dans l’escarcelle française en 1349, c’est lors des traités de paix d’Utrecht (1713) mettant fin à la guerre de Succession d’Espagne que la frontière va connaître un profond changement. Au revoir la Savoie, bonjour les verrous fortifiés (Briançon et Mont-Dauphin).

Pendant que Bonaparte se fait tirer le portrait au passage du Grand-Saint-Bernard (Suisse), d’abord à dos de mule puis juché sur un cheval cabré, l’aile gauche de son armée accède à l’Italie par les routes du col du Mont-Cenis. Six cols principaux permettent alors un passage des canons. Outre le Mont-Cenis, il faut compter sur le col du Petit-Saint-Bernard, le col du Montgenèvre, le col Agnel et le col de l’Argentière.

Le col de l’Échelle n’était alors qu’un col entièrement français. Le traité d’Utrecht, avec le critère des eaux pendantes, en fera un col frontalier que le capitaine Brossier jugera comme fondamental de par sa faible altitude (1762 mètres). Soit le col le plus bas de la frontière franco-italienne, et même de toutes les Alpes. C’est d’ailleurs aujourd’hui le point de passage privilégié des migrants illégaux.

Après les guerres, les cols sont devenus des lieux collaboratifs entre les deux nations, tant d’un point de vue économique que commercial. Sans compter sur le passage de bétail qui a achevé de façonner certains cols comme celui de Larche, haut lieu de la transhumance. Les bêtes venant de toute la Provence, et des environs, allaient prendre leurs quartiers d’été du côté piémontais de ce col. Les cols furent donc empruntés au XVIIIe siècle non seulement par les marchands venant aux foires, mais aussi par les troupeaux pour pâturer de l’autre côté de la ligne de crête.

Aujourd’hui, chaque année, ces cols sont traversés par le tour cycliste d’Italie et le tour de France avec sa cohorte de caravanes publicitaires et de camping-cars de supporters. Il faudra deux mois pour parcourir ces dizaines de cols avec une histoire, sur la frontière de ces deux pays Méditerranéens.

Olivia Gay

Née en 1973, Olivia Gay a étudié l’histoire de l’art puis la photographie. Elle travaille d’abord comme photographe de presse avant de s’orienter vers une photographie plasticienne. Sa démarche mêle approche documentaire et recherche esthétique et se construit dans le temps et la proximité avec les personnes, des femmes essentiellement.
Cette recherche se poursuit depuis aujourd’hui sous la forme d’un doctorat recherche et création dans le cadre du programme RADIAN : « Women at work. Pour une photographie compréhensive ». (en référence au concept sociologique forgé par Max Weber interrogeant les représentations et le sens que les acteurs donnent à leur activité).

Son projet

Son projet, intitulé provisoirement «Recherche», sera réalisé dans le cadre de la Fondation des Treilles, au coeur d’un paysage de 300 hectares « propice à la créativité, à la réflexion et aux échanges ». A partir d’une recherche sur la lumière méditerranéenne et les liens entre peinture et photographie, elle s’attachera à rendre visible la présence des personnes invitées (scientifiques, artistes, intervenant.e.s extérieur.e.s) dans le but d’interroger ce que signifie réellement « chercher » ou comment rendre visible, par le regard photographique, le monde des idées.

Mohamed Camara, Karine Pierre, Alain Fleischer

Mohamed Camara

Né à Bamako en 1985, Mohamed Camara a débuté la photographie en 2001, en autodidacte, avec un appareil numérique qui lui avait été prêté. Sa première série, “les Chambres maliennes”, a été exposée à la Galerie Pierre Brullé dans le cadre du Mois de la Photo à Paris en 2002, puis aux Rencontres photographiques de Bamako l’année suivante. La Tate Modern lui consacre une exposition personnelle à Londres en 2004, pour laquelle il réalise sa première vidéo, “les Rideaux de Mohamed”. Ses séries suivantes, dont “Certains matins et Souvenirs”, ont été présentées lors de nombreuses expositions, notamment en France, en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas, en Suisse, aux États-Unis et au Canada. Ses œuvres figurent dans les collections du Musée national d’art moderne, le Centre Georges Pompidou, à Paris, et dans celles de la Maison européenne de la photographie qui lui a commandé en 2007-2008 une série sur les “Maliens de Paris”. Mohamed Camara vit et travaille à Bamako.

Son projet

Mes photographies se donnent à lire comme des cases de bandes-dessinées. Jeune homme, j’ai commencé à rêver au monde et à le photographier à travers les rideaux des chambres où nous passions nos journées à Bamako. Ma carrière m’a donné la chance d’enjamber, dans les deux sens, la Méditerranée. Lors de la Résidence aux Treilles, dans la proche campagne et dans les villages environnants, je propose d’installer des éléments conçus à Bamako comme des points de passages entre les mondes: des bulles remplies d’eau dans lesquelles j’insère, physiquement, des images des êtres qui me manquent, que je souhaiterais faire dialoguer avec les fontaines et les sources du lieu ; des rideaux, brodés à Bamako en préparation du projet et dont chaque exemplaire sera porteur d’un récit. Une fois installés dans le domaine à l’aide de portiques, leur jeu avec le vent permettra de révéler des sous-récits, des actions mises-en-scène dans les paysages choisis et cadrés au-delà des rideaux, nourries par le quotidien d’un Sahélien en résidence : les aventures de Mohamed Camara à Tourtour !”.

Karine Pierre

Diplômée du Conservatoire National de Genève, Karine Pierre a travaillé au théâtre de 1990 à 2018. Parallèlement à sa carrière de comédienne de théâtre, de monteuse et de réalisatrice de films, elle commence la photo en autodidacte en novembre 2015. Dans la foulée, elle collabore avec une agence de presse à Londres avant de rejoindre Hans Lucas fin 2017.

A l’été 2018, elle décide de se consacrer exclusivement à la photographie et entreprend une formation à l’école de l’image Gobelins tout en continuant de couvrir l’actualité sociale et politique en France. Fin 2019, elle se concentre sur des sujets documentaires à plus long terme et se rend en Libye où elle travaille sur la ligne de front à Tripoli et les conséquences de la guerre dans un milieu urbain. En 2020, elle se rend au Liban quelques jours après l’explosion du port de Beyrouth. Là, elle travaille sur les conséquences de la crise économique sur les populations résidant à Beyrouth, dans le Akkar et dans la Bekaa. Ce travail photographique intitulé “Aftermath” est projeté au Festival Visa pour l’Image 2021.

Son projet: les terres déchiquetées

Sabra – Beyrouth

Liban, Beyrouth, Sabra, 2021. Shamas, 8 ans, réfugiée syrienne née à Beyrouth. Karine Pierre / Hans Lucas Agency.

Construit en 1978 par l’OLP, Gaza Hospital a ouvert ses portes l’année suivante à Sabra – Beyrouth ouest. Administré par le Croissant-Rouge palestinien, l’hôpital offrait alors des soins de pointe délivrés gratuitement à toute la population de la capitale.

De 1985 à 1987, pendant la ‘Guerre des Camps’, Gaza Hospital est pris pour cible par les milices du parti chiite Amal soutenues par l’occupant Syrien. En 1988, l’hôpital est totalement démantelé et les installations pillées ou détruites. Des blocs chirurgicaux, en passant par le système électrique et jusqu’aux ascenseurs, rien ne sera épargné. De l’hôpital, il ne restera plus qu’une carcasse vide vers laquelle les Palestiniens afflueront pour y trouver un fragile refuge. Peu à peu, l’hôpital abritera des générations de réfugiés palestiniens puis des Syriens échappant aux conflits, mais aussi des travailleurs pauvres libanais ainsi que des migrants égyptiens, marocains, bangladais fuyant la misère.

Gaza Hospital est ainsi devenu une condensation de l’histoire des mouvements migratoires du bassin oriental de la mer Méditerranée. Un palimpseste à lire dans sa verticalité. L’ancien hôpital implanté à la frange de la ville encore orgueilleuse il y a peu, fut érigé dans une zone surpeuplée à grande majorité sunnite. Son bâti idéologique que fut le combat d’un peuple sous la bannière de l’OLP s’est mué au fil des décennies pour devenir un concentré de pluralités régionales et internationales, sans autre motif premier que celui de la survie. Ceux-là même qui composent pour partie la population du Liban et qui le divisent, tous devenus réfugiés dans ce lambeau urbain.

Ennemis d’hier pour certains, ils partagent à présent l’ossature d’une même architecture délabrée aux strates poreuses, conjugués par les nécessités de la précarité extrême et de la promiscuité. Là se constituent par capillarité des familles transnationales, parfois transculturelles. En ce sens, Gaza Hospital propose l’iconographie d’un ‘sur-vivre’ ensemble, d’une société qui, si elle demeure parfois étagée économiquement, se modifie peu à peu au-delà des origines et des confessions. Ici, les lignes de démarcations qui continuent à cloisonner les différentes communautés du pays afin de conserver un système de clientélisme et de corruption, s’effacent un tant soit peu, rappelant en filigrane mais non sans ironie que jadis, cet hôpital était pour tous. Alors que les populations de Gaza Hospital opèrent un lent déplacement vers une possible hospitalité, la terrible crise économique organisée par la faillite d’un système politique mortifère et discriminatoire ne lègue aux plus pauvres d’entre eux qu’un ‘en commun’, celui d’y mourir ensemble, lentement.

 

Alain Fleischer

Né à Paris en 1944. Ecrivain, cinéaste, artiste et photographe, Alain Fleischer vit et travaille entre Paris, Rome et Tourcoing.

Il a suivi des études de lettres modernes, de linguistique, de sémiologie et d’anthropologie à la Sorbonne et à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il a enseigné dans diverses universités, écoles d’art, de cinéma et de photographie, et a dirigé de nombreuses master classes en France et à l’étranger. Lauréat de l’Académie de France à Rome (séjour à la Villa Médicis 1985/87), il a également été nommé Docteur Honoris Causa de l’Université du Québec à Montréal et Docteur Honoris Causa de l’Université européenne des Sciences humaines de Vilnius, Lituanie. Il a reçu le Prix Bernheim pour la littérature en 2016.

Sur mission du ministère de la Culture, il a créé le Fresnoy-Studio national des arts contemporains dont il est aujourd’hui le directeur. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages de littérature (romans, recueils de nouvelles, essais), on lui a décerné le Prix Georges Dumézil de l’Académie française.

Son œuvre d’artiste et de photographe est régulièrement montrée lors d’expositions personnelles et collectives en France et à l’étranger, et a fait l’objet d’une rétrospective en 2003 à la Maison Européenne de la Photographie et au Centre Pompidou, avec la publication du catalogue “La vitesse d’évasion” (Editions Léo Scheer). Des expositions rétrospectives lui ont été consacrées aux Pays-Bas, en Espagne, au Brésil, à Cuba, au Canada, en Argentine, en Russie, en Ukraine, en Chine… Il a représenté la France dans les biennales de Sydney (Australie), Kuan-Ju (Corée), La Havane (Cuba), Busan (Corée).

Réalisateur de quelques trois cent cinquante films, dans des genres aussi divers que le long métrage de fiction, le cinéma expérimental ou le documentaire d’art, ses films ont été présentés dans de nombreux festivals internationaux comme Cannes, Berlin, Rotterdam, New York, Montréal, Venise ou Locarno. Il a été plusieurs fois primé au Festival international du Film sur l’art de Montréal qui lui a consacré un hommage en 2002. Des rétrospectives de ses films ont été présentées au Centre Pompidou, aux Galeries nationales du Jeu de Paume, au Festival du nouveau cinéma de Pesaro, à Anthology Films Archives, New York.

Son projet: Interprétation photographique des “Métamorphoses” d’Ovide.

Par des procédés et des techniques spécifiques à la photographie, avec sa capacité à transformer le réel par des manipulations de la lumière et de son empreinte, à la faveur de prises de vue aussi bien en décors naturels qu’en studio, il s’agira de réaliser une suite d’images inspirées du long poème latin. Les photographies seront réalisées grâce à un mélange de techniques, avec la présence de personnages. Les résultats donneront lieu à des tirages en couleurs de grand format, formant une série homogène sur le plan esthétique et thématique.

Bernard Descamps, Sophie Hatier, Yusuf Sevinçli

Bernard Descamps

Bernard Descamps est né en 1947 à Paris. Il devient photographe en 1975. C’est la légendaire revue suisse « Camera», qui publie pour la première fois ses photographies, en 1974. Sa première grande exposition est organisée par Jean-Claude Lemagny à la Bibliothèque Nationale de Paris en 1975. La même année, il expose avec Florence Henri à la galerie «m» à Bochum (Allemagne). En 1978, il réalise une exposition personnelle au centre Pompidou, à Paris.

Il est un des membres fondateurs de l’agence VU. Il est également co-fondateur des premières «rencontres de la photographie africaine» de Bamako.

A partir de 2002, la galerie Camera Obscura le représente et l’expose régulièrement. En 2014, il participe aux expositions collectives: «Visages»  à la Vieille charité à Marseille, et «Le mur», collection Antoine de Galbert, à la Maison rouge, Paris.

De 1994 à 2012, il est directeur artistique de la galerie du théâtre La Passerelle, à Gap. En 2019, paraît son 11e livre aux éditions Filigranes : «Natura».  Aujourd’hui il est représenté par la galerie Camera Obscura, à Paris, et la Box galerie à Bruxelles.

Son projet

« J’aimerais suivre un itinéraire, celui du littoral, là où la mer rejoint la terre, que cette ligne soit naturelle ou fortement urbanisée… Cette démarche a souvent été la mienne : à Madagascar en 2013, au Vietnam dans les années 2000, au Japon en 1993 en France sur les côtes du Nord ou de Bretagne… Au cours de ce “voyage”, les photographies seront des rencontres, rencontres avec un lieu, des personnes, un évènement, mais surtout des rencontres avec soi-même. Dans son autobiographie Chroniques, Bob Dylan explique qu’une chanson ressemble à un rêve qu’on essaie de réaliser… Je pense que c’est un peu la même chose pour une photographie.  Suivre le littoral et photographier, tailler dans l’espace et le temps.  J’ai toujours espéré que, derrière l’aspect visible des choses, se cachait un esprit. Une sorte d’animisme où la photographie pourrait révéler un peu de cet au delà… Suffirait-il d’arrêter le temps pour voir au-delà des apparences ? Attraper un peu de cet invisible dont parle Pascal Quignard: « Le visible ne suffit pas à comprendre ce qui est vu. Le visible ne s’interprète qu’en référence à l’invisible ». 

 

Sophie Hatier

Après avoir photographié des zones de conflits (Bosnie Herzégovine, Moyen Orient…) et travaillé dans de nombreux pays (Mongolie, Namibie, Sénégal, Arménie, Kamtchatka…), Sophie Hatier s’éloigne du reportage et se concentre depuis une dizaine d’années sur une approche plus plasticienne et sensorielle du paysage (France, Islande…), du portrait et du vivant en général.

Le travail de Sophie est tourné vers la nature et sa diversité. Une approche sans a priori où elle s’attache à regarder avec la même attention une personne, un animal, un végétal…sans échelle de valeur.  « Photographier une personne comme une montagne et inversement ». Amoureuse de la couleur, gommant toute anecdote, ses images sondent le “presqu’abstrait”, le point de bascule entre la photographie et la peinture. Ses travaux sont régulièrement exposés dans des galeries en France et à l’étranger.

Elle est membre du collectif “France(s) Territoire Liquide” depuis 2011. Elle collabore aussi avec de nombreux magazines : Vogue, le Monde, le M du Monde, le Figaro magazine, le Point, Libération, Première, Air France Madame, Marie Claire Maison, de l’air…

En 2004 elle publie « Portraits Académie Équestre du Cheval de Versailles » aux Éditions Belin. En 2014, « France(s) Territoire Liquide, nouvelle mission photographique sur le territoire français » paraît aux Éditions du Seuil. En décembre 2020, un livre-photo de « Grignan au temps du confinement » sort aux Éditions Temporis.

Son projet

« Après l’Islande accidentée et volcanique, et ses magnifiques lumières du Nord, sourdes, mystérieuses, je cherchais un territoire inverse, où tout ne serait qu’horizon, lumière et couleurs du Sud qui irradieraient et satureraient l’espace. Une atmosphère méditerranéenne. Peu à peu la Camargue, que je connaissais bien sans l’avoir jamais photographiée pour autant, s’est imposée comme une évidence. C’est par l’eau que je l’ai abordée. La Camargue, c’est l’inverse d’une île. Une étendue d’eau au milieu des terres. Étangs, marais, salins, eau douce, eau saumâtre… Un paysage qui parait si sauvage mais qui résulte aussi d’interventions humaines de longue date sur un biotope très particulier, une tentative de domestication par de savants transferts de fluides… Un espace méditerranéen, avec ses couleurs, sa composition et sa matière. Et sur lesquelles la lumière agit comme un révélateur. Cette spécificité du territoire camarguais, j’ai envie de la capter en élargissant mon travail à d’autres formes de vie : le végétal, la faune et le portrait… Cette recherche d’une forme, en partant de la nature pour tendre vers l’humain, a toujours été au cœur de mon travail ».

« Je reste en plein air à cause du minéral, du végétal, de l’animal qui sont en moi » (Henri David Thoreau).

 

Yusuf Sevinçli

Yusuf Sevinçli est un photographe turc né en 1980, qui vit et travaille à Istanbul. Diplômé de la section Communication de l’université Marmara en 2003, il intègre l’année suivante une master class consacrée à la photographie documentaire en Suède. Il participe à la « Reflexions Masterclass » avec Giorgia Fiorio et Gabriel Bauret à Venise en 2011. En 2012, il publie son premier livre « Good dog » aux éditions Filigranes et depuis, il a publié sept autres ouvrages chez différents éditeurs, dont le récent « Tourmaline » (publication personnelle, 2020). Ses expositions personnelles incluent « Post » et « Oculus » présentées à la Galerie Filles du Calvaire de Paris, au Botanique de Bruxelles, au Galerist, à Istanbul, au Château d’Eau à Toulouse, et au Filatron, à Mulhouse. Son travail a en outre été présenté dans de nombreux festivals et expositions en Europe et à travers le monde.
L’œuvre de Yusuf Sevinçli est représentée par la Galerie Les Filles Du Calvaire à Paris et par Galerist, à Istanbul.

Son projet : Cease Fire (cessez-le-feu)

«Cease Fire – Cyprus» explorera l’impression de l’histoire récente et du conflit sur le paysage de l’île de Chypre. Troisième plus grande île de la Méditerranée, Chypre se situe à un carrefour culturel, linguistique et historique entre l’Europe et l’Asie. Il existe un différend de très longue date entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs et l’histoire moderne de Chypre illustre le conflit entre la politique et le nationalisme. Cet affrontement a transformé une île multi-ethnique, multi-religieuse et multiculturelle en un paysage de différends, de séparation et de méfiance. Cease Fire n’aspire pas à «écrire» l’Histoire, mais à offrir une réponse viscérale subjective à la manière dont ces ambivalences s’impriment sur le paysage et les habitants d’une île littéralement coupée en deux.

« Au cours de mes séjours prolongés à Chypre, je tenterai de retracer les zones de partition spatiales et de conflit en même temps que les traces d’unification, de paix et d’intégration. J’essaierai aussi de décoder le silence et l’absence dans un paysage où rien ne se passe en apparence, comme une porte vers des réalités passées toujours en cours. Le projet me mettra au défi de confronter, de jouer et de comprendre, à travers la photographie, les effets perturbateurs de la politique sur la géographie et les gens.  Ce qui m’intéresse surtout c’est de faire ressortir la militarisation latente mais extrême du paysage dans une si petite île. Sujet de nuances politiques et historiques infinies, Chypre a été jusqu’à présent négligée dans le domaine de la photographie. Et pourtant, au regard de la polarisation actuelle et des tensions croissantes dans le bassin méditerranéen oriental, cette île fournit des sujets très pertinents aujourd’hui ».

Sylvie Hugues, M’Hammed Kilito, Jean-François Spricigo

Sylvie Hugues

Sylvie Hugues est journaliste, photographe et directrice artistique du Festival du Regard. Elle propose aussi des lectures de portfolios à la Maison Européenne de la Photographie (paris 4ème), anime une Masterclass avec la photographe Flore et donne des workshops (notamment aux Rencontres d’Arles). Elle tient aussi une chronique régulière dans le magazine Le Monde de la Photo et collabore à la galerie Camera Obscura pour la communication et lors du salon Paris Photo. En 1992, elle a participé à la création du magazine Réponses Photo dont elle fut la rédactrice en chef de 1996 à 2014. Elle a publié deux livres de ses photographies : « Sur la plage » aux éditions Filigranes (2006) et « Fra-For »(2011) aux éditions Verlhac.

Son projet : « El Pueblo »

A 12 ans, la vie de Sylvie Hugues bascule. Elle habite alors à Cullera un village situé prés de Valencia, en Espagne. Au retour d’une sortie scolaire, on lui apprend que sa mère vient d’être assassinée par son deuxième mari, un policier de la Guardia Civil. Elle doit alors quitter subitement l’Espagne, et le paradis de l’enfance, pour retrouver dans les cités de la banlieue parisienne un père qui ne sait pas l’aimer et une belle mère agressive. A la douleur du deuil, s’ajoute celle de l’exil. De cette période de sa vie, il ne lui reste qu’un album de famille, quelques papiers jaunis et le jugement du tribunal. Son beau-père n’avait écopé que de deux années de prison. Crime passionnel disait-on alors… Aujourd’hui on parlerait plutôt de féminicide. A 18 ans, elle coupe les ponts avec sa famille et se lance dans le cinéma, la photographie et l’écriture. Le souvenir de sa mère et de ce drame continue de la hanter mais c’est, en 2014, avec une nouvelle violence, sociale cette fois, que cette plaie s’ouvre de nouveau. Un licenciement brutal et injuste la replonge dans son passé. Elle décide alors de retourner en Espagne, afin de retrouver les traces de son enfance, revoir ses copines de classe, saluer les religieuses qui l’ont recueillie à la mort de sa mère. Elle prévoit aussi de revoir le fils de l’assassin qu’elle considérait, enfant, comme son grand frère. Sur place elle prend des notes, fait des photos et décide de bâtir un récit autobiographique où vont se mêler ses propres mots, ses propres images avec ses photos de famille et les rares documents administratifs retrouvés. Ainsi naît le projet « El Pueblo » qui sera finalisé grâce à la résidence des Treilles.  Il va s’agir de construire un livre de textes et de photographies, un ouvrage pour exorciser les démons du passé et proposer une œuvre « autonome » où l’intime devient universel.

M’Hammed Kilito

Le travail du photographe M’hammed Kilito porte sur des questions relatives à l’identité, la mémoire, la migration et le déterminisme social. M’hammed est récipiendaire d’une bourse de la Fondation Magnum (2018) et a participé au Eddie Adams Workshop (2019). Il a également obtenu une subvention d’AFAC (Fonds arabe pour les arts et la culture) et un financement du Fonds Prince Claus (2018). Son travail a été présenté à Sharjah Art Foundation (Sharjah), Tate Modern (Londres), PHotoESPAÑA (Madrid), Amman Image Festival (Amman), Addis Foto Fest (Addis Ababa), Biennale internationale de Casablanca (Casablanca), Rétine Argentique (Marseille), Fotofilmic Gallery (Vancouver), Beirut Image Festival (Beyrouth). Les photographies de M’hammed ont été publiées, entre autres, dans The Wall Street Journal, World Press Photo, El Pais et le Washington Post. Il est membre de l’African Photojournalism Database – un projet de World Press Photo Foundation et de Everyday Africa. Il contribue également à Everyday Middle East and North Africa, une collection d’images qui donnent une vision plus précise de la vie quotidienne que ce qui est généralement vu dans les médias sur la région. Il a étudié la photographie à l’École d’art d’Ottawa et détient une maîtrise en sciences politiques de l’Université d’Ottawa.

Son projet : « La jeunesse marocaine »

Ce projet est une enquête sur le choix d’une identité personnelle de la jeunesse marocaine à partir d’une sélection de portraits de jeunes qui prennent leurs destins en main avec le courage de choisir leurs propres réalités, repoussant souvent loin les limites de la société. Que ce soit à travers leurs activités créatives, leur apparence ou leur sexualité, ils véhiculent l’image d’un Maroc jeune, en éveil, changeant, revendiquant le droit à la différence et célébrant la diversité. Ces jeunes défient au quotidien les normes conservatrices et traditionnelles de la société marocaine. Ils cultivent leur oasis privée malgré les entraves qu’ils rencontrent dans un pays qui selon leurs dires ne progresse pas au même rythme qu’eux.

Jean-François Spricigo

Humain à tendance enthousiaste, prompt à l’émerveillement et passablement impatient, Jean-François Spricigo n’est pas convaincu par la nécessité de se définir au travers un métier, ni par d’éventuelles médailles et autres cicatrices, ou par quoi que ce soit d’ailleurs. Chaque jour il découvre l’intensité de la tranquillité, accueillant mieux les nécessaires orages – parfois inquiétants mais toujours lumineux – qui surgissent des mystères de la nuit, du mystère de la Vie. Il remercie du fond du cœur les généreuses mains tendues de ses congénères, cités pêle-mêle tant chacun convia implicitement les autres : Jacques Brel, Henry David Thoreau, Nine Inch Nails, Friedrich Nietzsche, Osamu Tezuka, Pierre Desproges, David Lynch, Itsuo Tsuda, Alfred Schnittke, Eric Baret, Franz Schubert, Jiddu Krishnamurti, Hiko, et pour l’occasion la Fondation des Treilles de lui offrir les ailes vers ce nouvel horizon. Il aime inconditionnellement la nature et les animaux ; pas à pas, il vit enfin sereinement l’inconstance de l’espèce à laquelle il appartient.

Son projet : « Le loup »

La nature et les animaux occupent chez lui une place aussi essentielle que l’Humain, à vrai dire il se trouve même que les premiers ont participé à le réconcilier avec le second. La réconciliation par la non-séparation est l’argument fondateur de cette candidature. La relation entre le naturel et le culturel s’inscrit depuis le début de son travail comme principal vecteur de discernement pour évoluer sereinement au sein de notre société si complexe. Le loup, pour lui, cristallise une certaine dualité en l’Homme, entre sa part sauvage (le loup) et sa part casanière, domestique pourrions-nous dire (le chien). Pour prolonger la métaphore, le tempérament « suiveur » est qualifié de mouton. Quel troublant jeu sémantique alors de se rendre compte que le loup représente la menace de cet aveuglement, tandis que le chien protège – et donc empêche – le troupeau de rencontrer la lucidité de la liberté. Deux facettes d’une même médaille.  Une vision qui aspire au discernement engage forcément le paradoxe. Il aimerait à partir du réel et des légendes liés à la figure du loup, approfondir la relation avec eux, ce qu’ils symbolisent et ce qu’ils incarnent, ainsi humblement apporter une représentation plus apaisante sur la nécessaire cohabitation entre l’Homme et l’animal, par la photographie et le texte.

Clément Chapillon, Stéphane Couturier, Safaa Mazirh, Corinne Mercadier

Clément Chapillon

Clément Chapillon est un photographe documentaire français qui explore les liens entre les hommes et leur terre. En 2016, il entreprend son premier projet au long cours, en Israël et en Palestine, où il adopte une démarche sensible qui mêle images et textes extraits d’interviews réalisées sur place. Ce travail a obtenu une large reconnaissance et fait l’objet d’un livre, Promise me a Land, édité par Kehrer Verlag. Plus récemment, il a été sélectionné par le British Journal of Photography (nov. 2018) pour réaliser une commission sur la “Wilderness” (étendue sauvage) en Californie.

Son projet : “Il existe quelque part un rocher immortel”

“Les mythes n’ont pas de vie par eux-mêmes, ils attendent que nous les incarnions” Albert Camus.

J’ai découvert il y a une quinzaine d’années une île au cœur de la mer Égée, Amorgos. Ce fut un choc, “l’île absolue”, qui est devenue au fil des ans une nécessité et une obsession. J’y suis retourné encore et encore pour retrouver son aridité lumineuse, ses falaises irréelles, ses hommes démiurges, sa houle Homérique, ses légendes archaïques et son temps pétrifié… j’y ressentais une Méditerranée des origines, l’incarnation du mythe Grec. Mais n’était-ce pas une illusion ? Quelle est la part de la réalité et celui de la fiction dans cette île fantasmée ? Nikos Gatsos, un poète surréaliste a écrit en 1943 son unique et éblouissante œuvre « Amorgos », sur la seule évocation de ce nom, sans jamais y avoir été, certain qu’il « existe quelque part un rocher immortel. J’aimerais explorer cette double dimension de l’espace géographique et mental pour composer un témoignage photographique qui oscille constamment entre la poésie et le vernaculaire, entre les icônes d’hier et la Grèce vivante d’aujourd’hui. Un récit documentaire qui collecte les fragments bien réels d’un territoire pour mieux en explorer son imaginaire”.

Stéphane Couturier

La ville, l’industrie, les paysages construits sont les sujets de prédilection de Stéphane Couturier. Ce double aspect – l’investigation documentariste indissociable de la recherche plasticienne – caractérise son œuvre photographique.
Son travail révèle les différentes couches de temporalités qui structurent les centres urbains. La ville y est comparable à un organisme vivant en perpétuelle mutation.
A partir de 2004, avec l’arrivée du numérique, il décide d’expérimenter des images hybrides avec la série Melting Point. Ces œuvres nous plongent dans un entre-deux, entre document et fiction, entre réalité tangible des choses et réalité virtuelle de leur mouvement, de leur devenir.
Depuis 2011, il se penche sur Alger et les cités de logements construits par Fernand Pouillon. Avec cette série, il nous incite à regarder les brèches et les aspérités des explosions urbaines du XXIème siècle et de ses populations. En 2018, sa série sur la ville de Sète et les échos faits à l’œuvre de Fernand Léger, se caractérise par une fragmentation de l’image. Tensions dynamiques et hybridations colorées, aboutissent à une entreprise de déconstruction de la photographie. La photographie n’atteste plus, elle invente.

Son projet : “Les murs d’Alger”

L’étude des formes architecturales de la Kasbah d’Alger sera le  point de départ de ce travail sur Alger. Ces formes sont un vecteur qui permet de relier les périodes précoloniales, coloniales et postcoloniales d’Alger. Les murs d’Alger voudrait documenter cette complexité du tissu urbain écartelé entre l’authentique, le mimétisme et le camouflage. Ce projet s’articule autour de 2 axes :
– un premier axe constitué des seuils urbains où architecture coloniale et Kasbah se touchent.
– un second axe tentera, avec la notion d’urbain informel, de saisir la fabrique du « nouvel Alger » entre le légal et le légitime en étudiant les sédimentations temporelles de la Kasbah.

Safaa Mazirh

Née à Rabat, Safaa Mazirh vit et travaille à Casablanca.

Photographe autodidacte, elle rencontre ce médium dans le cadre des ateliers de l’association fotografi’art qui regroupe à Rabat plusieurs jeunes photographes. Fascinée par les mouvements du corps sur scène, elle a rapidement engagé un travail sur cette thématique pour plusieurs compagnies de théâtre.

Son projet : « Amazigh revisité » 

De tout temps, le tatouage a été une coutume chez les femmes amazighs et qui​​ exprime la philosophie du passage de la nature à la culture, du passage de l’oral à l’écrit, ou à la différence… Le tatouage est une expression de l’identité, de l’entité, de la civilisation, la continuité historique de l’existence de la personne amazighe sur les terres de Tamazigh.  Ainsi, dans la culture amazighe, les tatouages ​​ont acquis plusieurs fonctions : esthétique, magique, thérapeutique, sexuelle, anthropologique, physique, sociale, psychologique, existentielle….  L’homme amazigh s’est davantage attaché à la philosophie du tatouage, qui exprime son identité et ses spécificités culturelles et civilisationnelles.

La série « Amazigh revisité » est née d’abord par besoin personnel, celui de mon identité et ma culture Amazigh. J’étais toujours fascinée par les formes et la beauté des symboles Amazighs et la curiosité de connaître leurs sens. Je veux recréer ce langage magique et ésotérique et redonner vie à cette écriture féminine. La série Amazigh compile à la fois les symboles et le corps qui s’impose naturellement dans ce processus de recherche”.

Corinne Mercadier

Corinne Mercadier vit et travaille à Paris. Elle est représentée par la galerie “Les filles du calvaire”. Elle réalise des mises en scène photographiques, auxquelles prennent part la danse, l’architecture et la relation de l’être humain avec les grands espaces. Pour réaliser ses mises en scène elle fait appel à des modèles, danseurs, acteurs, qui seront ses interprètes. Elle fabrique les costumes et les sculptures destinées à être lancées au cours des prises de vue. Elle a également une pratique du dessin, qui prend pied dans le monde visible pour s’en échapper en scènes imaginaires.

Corinne Mercadier a à son actif de nombreuses expositions en France et à l’étranger. Aux éditions Filigranes, elle a publié Où commence le ciel ?, Dreaming Journal, La Suite d’Arles, une monographie, et Devant un champ obscur. Elle est représentée par la Galerie Binôme.

Son projet : « Transe, divination, métamorphose, passion : personnages féminins inspirés de la mythologie et de l’Antiquité grecque ».

Pour la Fondation des Treilles elle a réalisé une série, De Vive Mémoire, qui présente des personnages féminins inspirés de la mythologie et de l’Antiquité grecque.

Je me suis intéressée à la capacité des mythes à évoluer perpétuellement, comme on peut le voir dans la littérature et l’histoire de l’art. Je participe à cette mobilité en élaborant une interprétation personnelle et contemporaine de ces incarnations féminines de prodiges, qu’elles soient muse, princesse, déesse, nymphe ou femme humaine. Je les ai situées dans un espace poétique où chacun peut reconnaître des thèmes universels. Cela donne lieu à des représentations métaphoriques dans des architectures vernaculaires ou aristocratiques, militaires ou industrielles, en Languedoc et en Provence. Ce sont Ariane, Médée, Pénélope, Eurydice, La Pythie, Harmonie et Pandora qui rejouent dans ces décors la passion, le destin, la divination, la compassion et la recherche de soi.

Nicolas Comment, Laurie Dall’Ava et Victor Mazière, Alex Majoli

Nicolas Comment

Photographe et compositeur français né en 1973, Nicolas Comment est diplômé de l’École Nationale des Beaux-Arts de Lyon (1997) et de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (1999). Il publie son premier livre de photographies en 2001 aux éditions Filigranes,  La desserte (texte d’André S. Labarthe), qui sera suivi par 8 autres ouvrages dont le plus récent, Reverb (Filigranes éditions / Polka galerie, 2017).

Au cours de sa résidence et dans la continuité des travaux qu’il a déjà consacrés à Jean Cocteau (L’oiseleur, 2003), Bernard Lamarche-Vadel (La visite, 2009) ou qui lui ont été inspirés par des écrivains tels que Jack Kerouac et Malcom Lowry (Mexico City Waltz, 2012), Roger Vailland (Fading, 2006) Paul Bowles ou William S. Burroughs (T(ange)r), Nicolas Comment a mené une nouvelle enquête photographique consacrée au poète méridional Germain Nouveau. Il en suivra les traces en Provence et en Méditerranée, de Pourrières (son village natal) à Alger (d’où il écrit à Rimbaud, mort depuis deux années, une « lettre fantôme » demeurée célèbre parce qu’elle suivit son destinataire de port en port) en passant par différents lieux qui ont marqué la vie du poète en Provence.

Outre l’élaboration de tirages pour une future exposition, il s’agira également d’exploiter les éléments visuels glanés lors de sa résidence dans le cadre d’une projection photographique (et musicale) destinée à être représentée dans divers lieux partenaires mais aussi de travailler à l’édition d’un ouvrage sous forme de livre-disque, publié en 2020 : Nicolas Comment & Yannick Haenel, Nouveau, Mediapop éditions.

 

Laurie Dall’Ava

Née en 1982, Laurie Dall’Ava vit et travaille en France, à Toulouse. Elle est diplômée en 2011 de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles et poursuit sa formation au « Centro de la imagen » de Limà. En 2013, elle est membre du Reflexions Masterclass, avec Giorgia Fiorio et Gabriel Bauret à Venise/Bâle.

Outre de nombreuses expositions depuis 2008, Laurie Dall’Ava a également contribué à plusieurs publications comme le numéro 5 de la revue « Yet Magazine » en 2014 ou encore « Qu’avez-vous fait de la photographie ? » (ENSP, Actes Sud, 2012).

Le projet soutenu par le prix résidence de la photographie de la Fondation des Treilles relie le travail photographique de Laurie Dall’Ava à celui, d’écriture, de Victor Mazière. Ce projet comporte plusieurs cycles de recherche, ainsi que plusieurs formes, tout en privilégiant à chacune des étapes la relation entre le territoire et l’invisible, l’entre-deux et la construction d’indices mythologiques imaginaires.

Notre collaboration nous a orienté vers une recherche photographique, poétique et philosophique autour du monde méditerranéen, des Cyclades et de la civilisation Minoéenne. Le récit, tant photographique que fictionnel, pourra prendre ici la forme d’un journal de bord initiatique et d’enquête. Il dériverait ainsi d’un futur proche, dont subsisterait l’archive lacunaire, vers un mythe parallèle des origines, guidé intuitivement par des images récurrentes, des indices uchroniques : les pierres, les îles, le volcan, le souffre, les abeilles, faisant écho aux religions à Mystères et aux énigmes non déchiffrées des hiéroglyphes du Linéaire B, dont l’exemple le plus connu est le disque de Phaistos”.

Alex Majoli

Photographe italien né en 1971, Alex Majoli vit et travaille à New-York. Diplômé de l’Art Institute de Ravenne en 1991, il est membre de Magnum Photos depuis 2001. Il a notamment couvert le conflit yougoslave, les évènements majeurs au Kosovo et en Albanie, la chute du régime taliban en Afghanistan, l’invasion de l’Irak et continue de documenter divers conflits pour de nombreuses revues.

Plus récemment, il a travaillé pour un projet du Ministère français de la culture intitulé « BPS » (Bio-Position System) portant sur la transformation sociale de la ville. Son projet « Libera me » est une réflexion sur la condition humaine.

Reliant cette dernière à sa démarche sur les conflits, son travail actuel se tourne vers les réfugiés et leurs conditions de vie en exil. Alex Majoli décrit ainsi le projet qu’il devait développer lors de sa résidence (il n’a pas pu venir aux Treilles) : « Alors que les conflits dans le monde deviennent une menace toujours croissante pour la vie de tous ceux qu’ils affectent, beaucoup sont forcés de se lancer dans un voyage qui les éloignera de tout ce qu’ils ont et de tout ce qu’ils savent, à travers la Méditerranée et les pays hostiles. Le voyage du réfugié se reflète dans les fameux mots de Jacques Attali : “Le Titanic, c’est nous, notre société triomphante, orgueilleuse, aveugle, hypocrite, impitoyable aux pauvres, où tout est prévu, sauf les moyens de prévoir. Tel est à mon sens le secret de l’immense succès de ce film : chacun y devine que l’iceberg est là, qui nous attend, tapi quelque part dans la brume de l’avenir, que nous fonçons droit dessus et que nous allons nous y fracasser en musique. Mon projet en cours, intitulé Titanic est une exploration de l’esprit humain en temps de crise. Une crise qui touche tout le monde… »

Andrea & Magda, Pablo Guidali et Klavdij Sluban

Andrea & Magda

Andrea et Magda sont un duo de jeunes photographes franco-italien. Ils vivent et travaillent au Moyen-Orient depuis 2008. Leurs travaux sont publiés dans la presse en France et à l’étranger et donnent lieu à des expositions. Ils collaborent régulièrement avec des ONG, et des institutions internationales comme le Comité International de la Croix Rouge et l’Agence Française de Développement pour des travaux de commande. Ils ont déjà obtenu, entre autres prix, le Prix Tabo, Fotoleggendo festival 2015 et le Prix Foiano Festival 2013.

Les feuilletons télévisés au Moyen-Orient puisent leurs scénarios dans des contextes et des histoires réelles, pour construire un imaginaire qui infiltre la culture populaire: les séries, qu’elles soient produites au Liban, en Syrie, ou en Égypte, sont regardées dans tout le monde arabe, et constituent une partie importante de la culture “pan-arabe”.

A travers le prisme des “Musalsalat” (soap-opera en Anglais ou telenovelas en Espagnol), l’idée est de restituer une vision de l’imaginaire populaire au Moyen-Orient, et questionner le rôle de la fiction télévisée dans la construction de modèles culturels. Ce projet est une étape d’une recherche plus ample sur les transformations de la société et des territoires au Moyen-Orient dans le contexte de la mondialisation, projet initié avec deux premiers chapitres réalisés depuis 2012 Palestinian Dream et Sinai Park. Palestinian Dream a notamment été exposé dans le cadre du Mois de la Photo en 2014, et Sinai Park à la Maison Européenne de la Photographie dans le cadre de la première biennale des photographes du Monde arabe. L’enjeu est aussi de réinventer la représentation du Moyen-Orient contemporain.

Pablo Guidali

Photographe uruguayen, Pablo est diplômé de l’École Nationale Supérieure de Photographie d’Arles et vit à Marseille depuis 2011. Il est diplômé en 2010 de l’Ecole Nationale Supérieure de Photographie d’Arles, où il a été intervenant de 2011 à  2015. Il a aussi intégré la Casa de Velázquez de 2013 à 2014 et a obtenu de nombreux prix dont le Prix Georges Wildenstein en 2014 et la Bourse d’aide à l’édition du Conseil Général des Bouches du Rhône en 2015.

Pablo Guidali présente ainsi son projet : “il prévoit la réalisation d’un travail photographique impliquant la création d’un univers fictionnel personnel, inspiré par le concept d’arrabal et sa signification dans la culture du Río de la Plata — zone géographique et culturelle partagée entre l’Uruguay et l’Argentine.”

Le terme espagnol “arrabal” désigne un regroupement suburbain, en général associé aux classes populaires, un quartier se situant hors de l’enceinte de la ville à laquelle il appartient. Dans la région du Río de la Plata, l’utilisation de ce mot fait référence au territoire de métissage entre les immigrés – espagnols et italiens pour la plupart -, et les populations provenant de la campagne qui peuplaient les alentours des grandes villes vers la fin du XIXsiècle. Ces espaces sont devenus par la suite le théâtre récurrent d’une grande partie de la littérature rioplatense, un des grands sujets d’inspiration de la poésie du tango et un élément fondamental de l’imaginaire culturel uruguayen et argentin.

Ces dernières années, j’ai vécu la plupart du temps à Marseille. Je suis attaché à cette ville, à la vie qui y déborde, une vie palpable, humaine, déroutante, où se mêle aussi quelque chose de tragique, de triste, comme dans une vraie fête. Dans mon attirance pour cette ville se fait jour aussi un sentiment de nostalgie, car Marseille évoque inévitablement mon attachement pour d’autres villes comme Montevideo ou Buenos Aires. Des villes portuaires et cosmopolites, terres d’immigrants. Des endroits dans lesquels j’ai grandi, des lieux qui m’ont marqué, et qui sont à l’origine de cet espace symbolique autour duquel je souhaite construire mon projet.”

Klavdij Sluban

Klavdij Sluban est né à Paris en 1963. Il mène une oeuvre souvent empreinte de références littéraires, en marge de l’actualité immédiate. Ses cycles photographiques vont de l’Est (Balkans-Transit, Autour de la mer Noire-voyages d’hiver, Autres rivages-la mer Baltique, Transsibériades, etc.) jusqu’à l’archipel des îles Kerguelen.

Lauréat de la Villa Médicis-Hors-les-Murs (1998), du prix Niepce (2000), du European Publishers Award for Photography (2009), de la Villa Kujoyama (2016), Klavdij Sluban photographie les adolescents en prison depuis 1995 en France, en ex-Yougoslavie, en ex-Union-Soviétique, en Amérique latine, partageant sa passion avec les jeunes détenus en créant des ateliers photographiques. Ses travaux sont conservés et exposés dans de nombreuses institutions : Musée de la Photographie à Helsinki, Musée des Beaux-arts de Shanghai, Metropolitan Museum of Photography de Tokyo, Museum Texas Tech aux Etats-Unis, National Museum of Singapore, Rencontres d’Arles, Maison Européenne de la Photographie, Centre Georges Pompidou. En 2013, le Musée Niépce lui a consacré une rétrospective, Après l’obscurité, 1992-2012. Il a publié de nombreux ouvrages dont Entre Parenthèses, Photo Poche, (Actes Sud), Transverses (Maison Européenne de la Photographie), Balkans Transit (Seuil), East to East (prix EPAP 2009).

Composé autour de l’exil voici comment Klavdij Sluban décrit son projet. « Quel motif peut pousser un jeune homme et une jeune fille de vingt ans à quitter leur maison natale, leur pays natal ? Je ne l’ai jamais su. Mes parents ne me l’ont jamais dit. En 1961, ils ont traversé la frontière entre la Yougoslavie et l’Italie et ont marché jusqu’à Paris. Des bribes. Des noms de lieu. Beaucoup de noms de lieux, ma mère avait étudié la littérature, d’où le désir de Paris. L’exil s’est fait pas à pas, du jour au lendemain. Avec des haltes. Le parcours ? Difficile à tracer point par point sur la carte. Des zigzags, des détours, des cachettes, des lieux sûrs, d’autres non. Et puis buter et buter encore contre la frontière française. Parcours réel qui devient imaginaire dans l’esprit de celui qui voudrait lier lieux géographiques sur une carte et sentiments de deux jeunes gens, tantôt enthousiastes, tantôt perdus, tantôt totalement perdus. Ce projet sera pourtant traité de façon à laisser place à l’imaginaire. La perception de lieux nouveaux sera plus importante que la description illustrative. Le sentiment de l’exilé sera la trame d’une écriture photographique personnelle. Lumière éblouissante, sous-jacente, angoissante, tactile, vivante, fuyante, comme l’exil. Ce projet est un hommage à deux clandestins anonymes, mes parents. »

Thibaut Cuisset, Wiktoria Wojciechowska, Sophie Zénon

Thibaut Cuisset (1958 – 2017)

Thibaut Cuisset est un photographe français qui s’est beaucoup consacré à la photographie de paysage. Il a été pensionnaire à la Villa Médicis en 1992-1993 et résident à la villa Kujoyama de Kyoto en 1997. Il a obtenu le Prix de l’Académie des Beaux-Arts en 2009.

C’est lors d’un voyage en 1985 au Maroc qu’il prend ses premières photographies de paysage avec une chambre photographique sur pied et en  couleur. Il comprend alors que la pratique de la photographie de paysage peut être une manière de regarder le monde. Depuis son travail photographique se déploie par campagnes successives et à chaque fois un pays ou une région française fait l’objet de la série. De nombreux pays ont été parcourus : l’Australie, la Suisse, l’Italie, l’Espagne, le Japon, l’Islande, la Namibie, la Russie, la Syrie, Les États-Unis…

En tant que lauréat du Prix Résidence pour la photographie de la Fondation des Treilles, il proposa, selon ses propres termes, de se concentrer : « … sur le paysage méditerranéen français et, plus précisément, sur l’idée de l’arrière pays avec  la persistance d’un monde rural et peut-être même pastoral en Provence, dans les départements du Var, des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence. » La forêt, la montagne, et les campagnes périurbaines avec leurs zones de frictions seront ainsi évoquées.

Parmi ses publications : Le Pays Clair, Camargue texte Jean Echenoz, Ed. Actes-Sud 2013, Une campagne photographique, le pays de Bray texte Gilles A. Tiberghien Ed Filigranes en 2009, Le dehors absolu, texte Philippe Lacoue-Labarthe Ed. Filigranes en 2006 et Campagne japonaise, texte Jean-Christophe Bailly, Ed. Filigranes en2002.

Thibaut Cuisset est représenté par la galerie “Les Filles du Calvaire” à Paris.

Wiktoria Wojciechowska

Wiktoria Wojciechowska est une jeune photographe polonaise, diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie, mais qui a cependant déjà obtenu le prestigieux Oskar Barnack Newcomer Award 2015, pour sa série Short Flashes, composée de portraits de motocyclistes chinois figés dans l’éclair d’un flash.

Avec sa série Sparks constituée de portraits de soldats ukrainiens, elle tente de montrer les traces de la guerre sur les visages et dans les yeux de jeunes combattants.

Son projet, the Path, sur lequel elle a travaillé dans le cadre de sa Résidence à la Fondation des Treilles, est un mélange de portraits, de collages et d’investigations sur le territoire méditerranéen, un story telling à la recherche d’une représentation graphique en suivant les destinées humaines de la préhistoire à nos jours. Durant sa résidence à la Fondation, une exposition des oeuvres de Wiktoria a été réalisée au Théâtre de Draguignan, dans le cadre des rencontres des Treilles.

Parmi ses publications : Urbanautica (texte de Krzysztof Sienkiewicz), Own Place 2015,  Short Flashes Beijinger, No. 06, China, 2015

Sophie Zénon

Sophie Zénon est une photographe française. Elle vit et travaille à Paris. Formée à l’histoire contemporaine, de l’art et à l’ethnologie, elle déploie tout d’abord son travail au contact de nouvelles cultures et sillonne à maintes reprises l’Asie. Depuis la fin des années 2000, en écho à ses études sur le chamanisme, elle revient à ses thèmes de recherche de prédilection : la mise en scène photographique de l’absence, notre rapport au temps, à la mémoire, à la filiation. Lauréate du Prix Kodak de la critique en 2000, nominée au Prix Niépce en 2011 et 2015, à la Villa Kujoyama en 2015, elle a fait l’objet de nombreuses expositions en France et à l’étranger et ses photographies et livres d’artiste ont intégré des collections publiques.

Le Prix Résidence pour la photographie de la Fondation des Treilles lui a permis de développer Dans le miroir des rizières, un volet de son projet Arborescences, un travail de re-visitation de son histoire familiale intimement liée à celle l’immigration italienne en France pendant l’entre-deux guerres. Ce projet puise sa source dans une mémoire enfouie et traite de l’exil, de l’identité, de la perte des lieux où l’on est né, où l’on a vécu.

Quel sens cela a-t-il aujourd’hui, dans ce contexte mondial de migrations, de se dire de quelque part ? Quelle histoire, quel imaginaire produire, transmettre quand tout vous manque ? Au cœur des rizières du Piémont italien, elle revisite à l’ombre de sa grand-mère maternelle, la figure de la mondina, ayant inspiré nombre d’artistes, cinéastes et musiciens.

Elle a réalisé de nombreuses expositions et publications et reçu de nombreux prix : lauréate du Prix Kodak de la critique en 2000, nominée au Prix Niépce en 2011 et 2015, à la Villa Kujoyama en 2015. Ses photographies et livres d’artiste ont intégré des collections publiques.

Son catalogue d’exposition, Dans le miroir des rizières, a été publié en octobre 2017 par la Galerie Thessa Herold.

Anaïs Boudot, Hicham Gardaf, Evangelia Kranioti

Anaïs Boudot

Photographe française, elle vit à Roubaix. Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie en 2010 et du studio du Fresnoy en 2013, Anaïs Boudot poursuit aujourd’hui un travail autour de l’exploration des moyens photographiques. Le coeur de son travail consiste à explorer le processus d’apparition de l’image ; les liens entre image fixe et animée, et les interstices créés entre temps et mouvement. Elle cherche à créer des images à la fois énigmatiques et hypnotiques, hors du temps, au plus proche de la sensation. Ses pièces jouent souvent avec les limites du visible, plongeant le spectateur dans une temporalité subjective proche de la remémoration. La question du paysage et de la perception y tiennent une place importante. Son travail repose sur une hybridation des médiums à travers la réactualisation de techniques photographiques anciennes telles que la stéréoscopie, le photogramme ou le sténopé, qui, conjuguées à l’utilisation de la programmation et de la vidéo, mettent au point de nouvelles formes et de nouvelles visions. Auteure de nombreuses expositions et publications, elle a été membre de la Casa de Velázquez en 2016-2017.

Hicham Gardaf

Photographe marocain, il est né et vit à Tanger et travaille sur la représentation des changements majeurs que connaît le monde arabe. Inspiré par de nombreux livres de photographie, qu’il a lu lors de son travail de libraire, il a fait ses premiers pas dans la photographie en prenant des images dans son quartier afin de dépeindre son entourage et ses habitants; en suivant les explorations documentaires de Stephen Shore ou Joel Steinfeld.

Il a été nominé pour le Foam Paul Huf Award en février 2013. La même année, il a participé à une exposition de dix photographes marocains contemporains au Musée de Marrakech pour la photographie et les arts visuels (où son travail est devenu une partie de la collection permanente du musée); suivi d’une exposition personnelle intitulée Extimacy à la Galerie 127 in Marrakech.

Son travail a été représenté au Fotofever à Paris et à Bruxelles. Il a fait partie de l’exposition collective Un Maroc Raconté Autrement à l’Espace Photographique de l’Hôtel de Sauroy à Paris (qui a fait partie de « Photomonth ») avec le projet Modern Times, dans lequel il dépeint la société marocaine contemporaine dans le contexte du paysage urbain et de son évolution récente.

Son travail consiste à observer les relations entre l’homme et son environnement, plus précisément la façon dont chaque individu s’intègre ou non à l’espace ou au territoire dans lequel il vit. Son projet pour les Treilles est une description des grandes transformations urbaines, socioculturelles, la question de l’identité et de la vision que porte la société moderne du monde arabe en Occident. Hicham Gardaf est représenté par la Galerie 127 à Marrakech.

Evangelia Kranioti

Artiste plasticienne née à Athènes et vivant à Paris, Evangelia Kranioti a mené une recherche artistique et anthropologique sur la vie, les voyages et l’intimité des marins méditerranéens à travers le monde. Une nouvelle étape dans cette recherche la porte à se pencher non plus sur les gens de la mer stricto sensu, mais sur les migrants méditerranéens, des hommes et des femmes qui s’embarquent au péril de leur vie pour rejoindre l’Europe.

Diplômée de droit, d’arts visuels à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris et du Fresnoy – Studio national des Arts Contemporains, elle a fréquenté l’Atelier Scénario de la Fémis.

Lauréate de nombreux prix et bourses, son travail embrasse photographie, vidéo, installation et il est régulièrement présenté en France et à l’international : Paris Photo, Biennale de l’image en mouvement, Centre d’art contemporain de Genève, Palazzo Grassi, Faena art, Maison Européenne de la Photographie, Palais de Tokyo, NY Photo Festival, Thessaloniki Biennale, MAC Créteil, FotoRio, CentQuatre, Nuit Blanche Bruxelles, ACFNY, etc).

Son premier documentaire Exotica, Erotica, Etc. a eu sa première au Forum de la 65e Berlinale. Son deuxième film Obscuro Barroco a eu sa première au Panorama de la 68e Berlinale où il a été récompensé avec le Teddy Jury Award. Par la suite, les deux films ont été présentés dans des festivals, musées, cinémathèques et centres d’art du monde entier.

Claire Chevrier, Patrizia Di Fiore, Marc Lyon

CLAIRE CHEVRIER

Née à Pau en 1963, elle vit et travaille entre Mayet et Paris.
Elle est diplômée de l’Ecole d’Art de Grenoble en 1987. Elle a participé à des expositions collectives et personnelles en France comme à l’étranger depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. Claire Chevrier fait partie des vingt photographes retenus pour la 6e édition de la Triennale Photographie et Architecture. Elle a publié de nombreux ouvrages et ses œuvres figurent dans des collections telles que la Maison Européenne de la Photo, le Fond Régional d’Art Contemporain (Pays de la Loire et Rhône Alpes) et le Musée Nicéphore Niépce.
Ses photographies font partie de collections publiques, dont notamment celle de la Maison Européenne de la Photo, du Fond National d’Art Contemporain…Depuis plusieurs années, elle aborde des thèmes récurrents liés à l’homme, l’espace, le pouvoir, la mémoire.

Dans ses travaux antérieurs, Claire Chevrier a observé la façon dont les mégalopoles ont peu à peu absorbé l’espace naturel pour le transformer en autant de quartiers et de groupements de population marqués par l’évolution de la ville primitive mais aussi par les aléas climatiques, économiques ou culturels. Issue d’une famille de pieds-noirs et profondément marquée par l’histoire de ce deuil vécu par sa famille, elle va interroger photographiquement Alger la Blanche dans ses métamorphoses urbaines, sociales et culturelles, partir à la recherche des paysages du souvenir, et analyser, dans cette période si féconde en raison des récentes évolutions politiques, comment l’homme s’approprie ce nouveau territoire dans son corps et dans sa pensée.

PATRIZIA DI FIORE

Née en 1961 en Italie, elle vit et travaille à Paris. En 2014, elle est exposée à la 15th Photographic Art Exhibition de Pékin. Auparavant elle a été exposée à la Maison Européenne de la Photographie, aux Rencontres Photographiques de Solignac, à la Biennale de la photographie de Canton en Chine, au Musée d’Aquitaine à Bordeaux… Elle a bénéficié de bourses dont celle d’aide à la Création du Ministère de la Culture, de France, du Luxembourg ou encore de la Bourse Lavoisier. Depuis ces trente dernières années son travail s’articule autour du paysage et des relations qu’il entretient avec l’histoire et l’Homme. Ses images soulignent les liens qui attachent l’individu à sa terre, à son histoire. Elle travaille, notamment, sur des terres de conflits : Bosnie, Palestine, Vietnam, Pologne…

Patrizia di Fiore le confesse volontiers, l’influence de la lumière, des couleurs et des paysages italiens ont marqué sa pratique photographique et, depuis qu’elle est arrivée en France il y a trente ans, à cette culture imprégnée de la flamboyance des peintures italiennes, s’est peu à peu substituée une vision plus analytique. Elle envisage ainsi de prendre en compte, lors de sa description du paysage méditerranéen, les bouleversements générés par les grands travaux tels la construction du TGV avec ses ouvrages d’art qui perturbent la vision ou le développement des autoroutes qui drainent du nord au sud un flux de populations migrantes, saisonnières ou non. Elle pense dérouler sa palette de couleurs pour évoquer l’histoire et les cultures qui se dessinent sur ce territoire où subsistent encore les traces de différentes civilisations.

MARK LYON

Né en 1952 en Californie, il vit et travaille en France.
Il est représenté par des galeries new-yorkaise (Robert Mann Gallery) et parisienne (Air de Paris). Son travail fait partie des collections de musées de la Bibliothèque Nationale de France et de la Yale Art Gallery (USA).
Son travail s’articule autour du portrait, de l’architecture, et plus particulièrement sur le post modernisme : le travail de Le Corbusier en Inde, la Maison de Verre de Pierre Charreau à Paris ou encore la Maison tropicale de Jean Prouvé.

Il a fait ses études de photographie à la Yale University aux Etats-Unis. En 1979, il co-dirige une galerie à Paris. En 1984, il est photographe freelance, travaille pour les publications : AD, Artforum, Harper’s Bazaar, The New Yorker, Le Monde… Il a été exposé au Hammer Museum de Los Angeles, à l’Issue Project Room de New-York, au Millenium de la Mode à Kyoto et Tokyo, à la galerie Eof à Paris. Il a perçu des bourses de la Graham Foundation, a reçu le prix du PDN/Nikon…

Né en Californie du Sud, Mark Lyon revendique avec conviction cette part d’héritage historique et visuel au regard de la langue, de la culture et du paysage hispanique transmise par ses parents. Et s’il avoue un amour profond pour les paysages de la Méditerranée, ses influences photographiques sont, elles, résolument américaines puisqu’il cite avec ferveur le travail de Walker Evans sur l’Amérique. Il souhaite ainsi faire sienne la méthodologie de son mentor, à savoir transgresser les genres, mêler en une même histoire photographique un travail sur le paysage, l’architecture, l’humain, la nature morte que ses observations et ses déambulations vont peu à peu lui révéler.

Morgane Denzler, Manuela Marques

Morgane Denzler

Morgane Denzler vit et travaille à Bruxelles. Elle a suivi la formation de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, notamment dans l’atelier de Patrick Tosani. S’intéressant en particulier au Bassin Méditerranéen (ses premiers travaux concernaient la Sicile et le Liban) elle a souhaité aborder l’histoire, la mémoire et l’inconscient collectif du territoire provençal au travers de documents et de rencontres. Après une phase de recherches sur les cartes, archives et documents photographiques des lieux emblématiques de ce territoire, Morgane a voulu en retrouver l’emplacement exact puis les photographier tels qu’ils se présentent aujourd’hui. Ce travail accompli, elle a réalisé des puzzles superposant, à la même échelle, la photographie d’archive et la prise de vue contemporaine, en prenant soin d’ôter certains éléments du puzzle supérieur afin que chaque strate de l’œuvre permette de comprendre le génie du lieu. Morgane Denzler a participé à Sans tambours, ni trompettes – Cent ans de guerre, Parvis, Pau ; à Tous, des sang-mêlés, MAC VAL, Vitry-sur-Seine, et à la Riga Photography Biennial, Lituanie. Plusieurs prix et résidences lui ont été attribués.

Manuela Marques

De nationalité franco-portugaise, Manuela Marques est connue pour la qualité de ses lumières et de la gamme chromatique qu’elle utilise. S’inspirant du journal d’Anne Schlumberger, créatrice du lieu et de la Fondation des Treilles, qui relate éprouver un sentiment rare et unique de beauté parfaite devant le calme et l’harmonie de ce paysage, Manuela a envisagé de travailler sur les jeux visuels qui allient à la fois les lumières bleues de l’aube et celles du crépuscule afin de retrouver la part du « rêve éveillé » qui l’attire ainsi que le sentiment d’intériorité diffusé par la nature même de ce paysage, comme une utopie éternelle. Elle expose régulièrement dans des institutions importantes du monde entier. Elle a publié plusieurs ouvrages et reçu de nombreux prix. Ses œuvres figurent dans des collections telles que le Fonds national d’art contemporain et le Musée Gulbenkian de Lisbonne.

Le livre de son projet réalisé aux Treilles, La taille de ce vent est un triangle dans l’eau, est paru aux Editions Loco en mai 2014.

 

Raed Bawayah, Véronique Ellena

Raed Bawayah

Né en Palestine et diplômé en 2004 de l’école de photographie Musarara de Jérusalem, Raed Bawayah expose dès l’année suivante à Paris – à la Cité Internationale des Arts, à l’Hôtel de Ville et à la Mairie – ainsi qu’à Perpignan, à “Visa pour l’image”, en 2007. En 2009 son travail est sélectionné pour le Prix Découverte des Rencontres d’Arles. Ses oeuvres sont présentées dans la collection de la Maison Européenne de la Photographie et du Fonds National d’Art Contemporain.

Si Raed Bawayah s’appuie sur l’image de l’olivier pour débuter son projet, c’est bien parce que cet arbre, symbole de paix commun à toute la culture méditerranéenne, véhicule en outre un sentiment de sagesse paisible et de résistance exemplaire face aux attaques de la nature et celle des hommes ; l’olivier, véritable métaphore de la lutte du peuple palestinien qui tente, jusque dans le désespoir, de s’accrocher à sa terre nourricière demeure le point de départ d’une quête photographique qui explore la problématique territoriale et le relevé topographique d’une terre déchirée, désirée et revendiquée par deux peuples.

Les séries de photographies de Raed Bawayah comprennent : Souvenirs d’enfance, Bon voyage, Deadlines, Faces Shadow, Bonne Année Jénine, ID925596611, Paris le jour, Demi-tour…droite!, La couleur du soleil, En construction, Les Veines de la Terre, Les Serres Froides, Love Pills, Les Collines Hautes, Les Hommes derrière, Les Ames Blanches, Le Jus de l’Esprit, Les Pieds Papillons, Les Craquelures.

Une exposition des oeuvres de Raed a été réalisée au Théâtre de Draguignan, dans le cadre des rencontres des Treilles.

Véronique Ellena

Véronique Ellena s’est notamment fait connaître pour son travail réalisé à la Villa Médicis sur le thème de la nature morte et sa recherche très picturale autour des sans-abris, les invisibles. Son parcours photographique est   traversé par les questions de la place de l’homme dans le monde, de la spiritualité et de la nature. Elle arpente depuis des années les territoires en quête d’une beauté simple. Citons pour l’exemple cet arbre dans la brume empreint de romantisme, cette valleuse formant comme le dos d’un immense animal primitif, cette vague explosant dans un horizon calme.

Sans toutefois revendiquer l’esthétique du land art, elle a pris l’habitude depuis plusieurs années d’arpenter des territoires différents, lors de longues et lentes promenades pour composer des images méditatives et silencieuses tel ce pommier sous l’orage ou ces peupliers indéfiniment répétés par les reflets du lac. Prenant pour prétexte la nature à demi-sauvage du domaine des Treilles, elle a composé un herbier autour de la végétation antique et éternelle du lieu, telle qu’elle se présente au fil des saisons.

Elle a obtenu le Prix Bettencourt en 2016 dans la catégorie Dialogue pour le vitrail du millénaire de la cathédrale de Strasbourg.  Son travail a été montré au sein de la collection Florence et Damien Bachelot à l’Hôtel des Arts de Toulon, ainsi que dans la rue des Arts où elle a montré ses travaux sur la vie quotidienne. Son oeuvre a fait l’objet d’une rétrospective au Musée Réattu, à Arles, en 2018 dans le cadre du programme associé des Rencontres Internationales de la Photographie.